Avec l’histoire de Magnotta, le débat sur la peine de mort refait surface puisque nous avons là l’exemple parfait d’un être humain qui contrevient absolument à tout ce que la morale réprouve. J’irais même jusqu’à dire qu’il devient en quelque sorte moins qu’un animal, peut-être un insecte, alors le pas pour lui souhaiter une mort expéditive est assez facile à faire. On argue même qu’il serait l’exception, rejoignant ainsi les pédophiles dans cette catégorie sensible qui justifie ce point de vue.
À propos des pédophiles, j’ai déjà avoué considérer sérieusement un retour de la peine de mort pour eux, mais je sais pertinemment que ce n’était pas le citoyen en moi qui parlait, mais bien le parent qui faisait un test de réaction dans la possibilité que sa petite fille en soit victime. Mais je sais que le débat sur la peine de mort ne concerne pas seulement ma petite personne et ma relation avec ma fille. Alors, je tente tant bien que mal de m’élever au-dessus des considérations personnelles.
Mais j’y pense, dans une optique revancharde, la peine de mort est moins cruelle que la prison à vie. Parler pour parler, si Dieu existe, le criminel va devoir vivre avec les conséquences de son crime avant de se faire encore juger, et s’il n’existe pas, comme j’en suis convaincu, il va bien plus souffrir en prison que dans le néant de la mort… Mais je sais que je détourne un peu la question, puisqu’il s’agit plutôt de savoir s’il est éthique ou non de donner la mort, même à un cinglé comme Magnotta, même à un pédophile assassin, même à quelqu’un reconnu coupable de crime contre l’humanité.
Je ne referai pas ici tout l’historique du débat sur la peine de mort et pourquoi je suis contre, mais ce que je veux surtout pointer, c’est que j’ai remarqué que ceux qui sont pour la peine de mort sont beaucoup aussi pour la violence policière dans le conflit actuel, donc pour la violence étatique. Il apparaît donc que leur système de pensée en est un qui place la Loi, la Justice et l’Ordre à un niveau qui me fait bien penser à celui où les croyants placent Dieu. Il y a là-dedans un refus de voir toutes les lois et le système de Justice comme étant des constructions abstraites assujetties aux besoins sociaux de l’humain, comme n’étant pas immuables, comme étant toujours sujet à changement, toujours à remettre en question contextuellement.
Comme si la désobéissance civile méritait au pire une chance de se voir violenté par la police, parce que la loi leur donne le pouvoir discrétionnaire d’interpréter une manifestation comme étant une agression contre laquelle se défendre, au mieux une application de la Loi qui permet un constat d’infraction, les menottes ou les attaches en plastique aux mains en prime. Alors, dans l’optique d’un pouvoir absolu sur la vie et la mort (pour la peine de mort) et la conception que la brutalité policière n’est qu’une application juste de la loi sur le terrain — qui, je me le demande, pourrait-elle aller jusqu’à la mort sans faire sourciller? — nos autoritaristes se complaisent dans une absence d’éthique qui donne la chair de poule (rien à voir avec la morale, s’il faut le souligner).
La mesure n’est pas leur tasse de thé, et à chaque problème la solution est expéditive et sans nuance. Je pense au cliché de l’homme de caverne avec sa massue qui ne s’exprime qu’avec elle, en dehors de quelques onomatopées. Je m’excuse d’avance.
Mais voilà où nous en sommes. Et ça voudrait qu’on les suive les yeux fermés. Mais je vois clair dans leur jeu. Ce n’est pas ça être civilisé.
Sur ce, je vous laisse avec de la porno autoritariste :
(Photo : death_penalty)